Dans notre économie globalisée, l’anglais est devenu la langue incontournable du monde des affaires depuis le tournant des années 1980. Il est estimé qu’en 2020, deux milliards de personnes parlent anglais. Pour autant, les moyens consacrés à l’apprentissage de l’anglais dès le secondaire ne sont pas encore satisfaisants, tout comme le niveau des élèves dès le collège comme l’a récemment souligné le ministre de l’éducation nationale. L’anglais juridique, entendu comme “l’anglais nécessaire aux professionnels du droit” est bien souvent relégué au rang d’option à l’Université, voire complètement oublié de certains centres de formation notariaux. C’est une fois arrivé au rang de “professionnel du droit”, que le juriste devra combler ses lacunes grâce aux dispositifs de la formation continue obligatoire. Pour autant, une prise de conscience de certains organes représentatifs des avocats et des notaires semble émerger depuis une dizaine d’années, mais les changements de pratique peuvent parfois tarder à se mettre en place.
Qu’est-ce que l’anglais juridique ?
L’anglais juridique est une construction de l’esprit qui ne bénéficie pas d’une définition restrictive. Jean-Louis Trouillon, enseignant chercheur à l’Université de Perpignan, préfère utiliser le terme “anglais du droit”, qui lui permet de signifier l’interconnexion entre la langue anglaise et le droit anglais. Ainsi, on ne peut faire d’anglais juridique sans évoquer les spécificités culturelles des systèmes de droit anglais exportés par la colonisation britannique aux Etats-Unis, au Canada et dans de nombreux pays du Commonwealth. Il y a donc deux composantes majeures à l’anglais juridique : une composante linguistique, et une composante culturelle. Pour le sujet qui nous intéresse ici, nous devons nous éloigner de cette analyse théorique et nous recentrer sur les besoins pratiques des professionnels du droit. En effet, nous défendons l’idée que l’anglais juridique doit être entendu en fonction des besoins des apprenants. Aussi, nous préférons utiliser l’expression “anglais appliqué à la profession de notaire”, ou “anglais appliqué au droit des affaires” pour permettre de cibler directement les besoins linguistiques des professionnels. Nous considérons que l’anglais juridique doit aussi être appliqué à un secteur juridique spécifique afin de permettre aux professionnels du droit de se familiariser avec la terminologie propre à leur activité. Nous rejoignons la thèse de J-L Trouillon en ce que nous pensons qu’une connaissance des systèmes juridiques de Common Law est particulièrement importante pour permettre aux professionnels du droit de trouver un cadre de référence commun avec leurs clients étrangers. Ce cadre s’avèrera particulièrement utile lorsqu’il s’agira de transposer les explications données en anglais sur un problème juridique de droit français aux clients étrangers. Il faut tout de même mettre une limite à cette idée car les clients étrangers ne seront pas forcément des juristes et leur connaissance de leur système juridique pourra être très limitée. Ceci impose donc au professionnel du droit de travailler son anglais général, afin de pouvoir être suffisamment à l’aise pour paraphraser.
Une maîtrise incertaine de l’anglais juridique augmente le stress au travail
Une maîtrise incertaine de l’anglais général et juridique est un facteur de stress pour de nombreux professionnels du droit que nous avons eu l’occasion d’interroger au fil des années. En effet, 50 % des avocats, notaires et juristes d’entreprises que nous avons interrogés déclarent que l’anglais « est un facteur de stress dans leur vie professionnelle ». La vie professionnelle, déjà stressante pour de nombreuses personnes, l’est d’autant plus lorsque celles-ci ne maîtrisent pas suffisamment l’anglais.
Rappelons tout de même que le stress n’est en aucun cas bon pour la santé. Comme le rappelle l’INRS dans un article particulièrement détaillé, le stress produit des symptômes physiques, émotionnels et intellectuels aussi variés que les troubles du sommeil, l’augmentation de la nervosité aux troubles de l’attention.
Une maîtrise incertaine de l’anglais peut nuire à l’avancée professionnelle
En plus d’être source de stress, les professionnels du droit interrogés par nos services vont même jusqu’à déclarer : « j’ai déjà dû refuser des clients étrangers à cause du fait que je ne parlais pas assez anglais », d’autres déclarent avoir « dû refuser une opportunité professionnelle faute de bien maîtriser l’anglais juridique ». Ces témoignages sont des exemples frappant qui illustrent le fait que mal maîtriser l’anglais peut nuire à une carrière. Comment en sommes-nous arrivés là? L’anglais n’est que très peu étudié dans les facultés de droit en France. Bien que les choses puissent varier en fonction des universités, certaines y attribueront plus de moyens que d’autres. Les cours d’anglais vont jusqu’à disparaître en Master 2, pour revenir brièvement à l’Ecole des Avocats en fonction des régions. Pour les notaires, la situation est très similaire car en fonction des INFN, la place de l’anglais y est fortement variable, voire inexistante. Face à ce constat, les futurs professionnels du droit doivent pallier les carences du système éducatif en allant étudier dans des pays anglophones, notamment en faisant un LLM, dont les coûts sont parfois prohibitifs.
Une bonne maîtrise de l’anglais juridique permet l’élargissement de sa clientèle
De nombreux professionnels du droit qui nous lisent sont aussi des entrepreneures, et des entrepreneurs du droit. A ce titre, nous devons rappeler un constat que nous faisons très régulièrement. Les avocats et les notaires qui parlent anglais attirent plus de clients. Attirer des clients lorsque l’on est avocat ou notaire est capital car il en va de notre survie. Tous les entrepreneurs veulent plus de clients, mais les avocats et les notaires sont contraints par des règles qui limitent très fortement la publicité (donner plus de détails sur ça). Aussi, comme aimait le rappeler Bill Gates, la meilleure publicité est celle que vous font vos clients car elle est gratuite et particulièrement prescriptive. Prenons l’exemple des notaires, un client anglophone satisfait par son notaire qui sait lui parler anglais, se verra très fortement enclin à recommander ce notaire à ses amis anglophones, et ainsi de suite. Certes c’est un processus sur le long terme. Mais il a parait à ce stade indéniable qu’ apprendre l’anglais, permet de développer votre carrière et votre clientèle. La concurrence entre certains corps de métiers du droit est très rude, notamment chez les notaires, dont le nombre a grandement augmenté depuis la réforme Macron. Maîtriser l’anglais c’est donc un avantage compétitif majeur pour tous les professionnels du droit.
Le développement des formations en anglais juridique par les instances représentatives des avocats et des notaires
LfEX Business & Legal English est né de la volonté de son créateur d’offrir aux professionnels du droit des formations qui leur soient utiles dans leur vie quotidienne. Nous avons ainsi multiplié les contacts auprès des instances représentatives des avocats et notaires depuis 2018. Ces contacts ont contribué à nourrir une réflexion préexistante sur le sujet, mais qui face à des organismes de formation peu structurés, ne trouvaient pas l’écho suffisant pour faire émerger un vrai plan de formation ambitieux pour tous les professionnels du droit. La Chambre des Notaires du Var, l’une des pionnières en la matière, a contribué à nourrir notre réflexion depuis 2018 et à renforcer notre offre existante pour les notaires. C’est en mars 2023 que le Barreau de Paris se saisit de la question. Après avoir étudié l’offre de formation en anglais juridique de LfEX et visionné certains cours individuels, un partenariat a pu être conclu. C’est aujourd’hui le plus grand partenariat qui existe sur l’anglais juridique en France et nous sommes fiers d’avoir été choisis par l’Ordre des avocats au Barreau de Paris pour remplir cette mission.
1) Kushner E., L’anglais comme langue globale: problèmes, dangers, opportunités, Diogène, 2002/2, n°198, pp. 21-28
2) Trouillon J-L, Approches de l’anglais de spécialité. Presses Universitaires de Perpignan, 2010, 292 p.